Évidemment, cette partie risque d’intéresser plus spécifiquement mes futurs consœurs et confrères. Mais les autres aussi, pourquoi pas 🙂
Les études en France
Pour ceux qui ne sont pas dans le milieu, je vous explique d’abord comme se déroulent les études dentaires en France.
Après le bac, on rentre à l’université en PACES (Première Année Commune aux Études de Santé), souvent appelée première année de médecine. Comme chacun le sait, c’est une année très difficile, avec énormément de travail à fournir et une sélection drastique (environ 20%). Si on réussit cette 1ère année (que l’on peut tenter au maximum deux fois), on s’oriente vers une des quatre filières suivantes (selon le concours spécifique qu’on a choisi) : médecine, dentaire, sage-femme ou pharmacie.
Ceux qui choisissent dentaire rentrent donc en O2 (odontologie deuxième année). Pendant deux ans, l’emploi du temps mélange cours théoriques et travaux pratiques.
Puis en 4ème année, nous passons à la pratique clinique, au centre de soins, avec de VRAIS patients 🙂 Bien entendu, nous avons toujours des cours et des TP. A Rennes, le centre de soins fonctionne en différents services (un s’occupe des bilans et des urgences, un des caries et dévitalisations, un autre de la prothèse, un des soins chez les enfants, un de la chirurgie, etc).
Pendant la 5ème année, nous nous préparons au CSCT (Certificat de Synthèse Clinique et Thérapeutique), qui se compose d’épreuves écrites et orale et qui atteste de notre capacité à poser des diagnostics et à proposer des solutions thérapeutiques adéquates. Lorsque nous validons le CSCT et la 5ème année, nous sommes autorisés à faire des remplacements dans des cabinets dentaires.
La 6ème et dernière année est quasiment exclusivement de la pratique. En dehors de l’implantologie (oui… ou pas… 😉 ), les seuls cours dispensés sont la gestion, l’ergonomie, l’informatique, etc. En plus du travail au centre de soins, nous devons effectuer une journée de stage par semaine dans un cabinet dentaire.
Nous devons ensuite passer une thèse d’exercice, qui nous donnera le titre de Docteur en chirurgie-dentaire. Nous avons un an et demi après la fin de la dernière année pour la passer.
Ceux qui veulent se spécialiser passent l’internat, qui est national, en fin de 5ème et/ou 6ème année. Cet internat mène à trois voies différentes : orthopédie dento-faciale (orthodontie), chirurgie orale ou médecine bucco-dentaire. Ces spécialisations durent entre 3 et 4 ans. Bien entendu, une multitude de formations sont disponibles ultérieurement pour évoluer tout au long de sa carrière, qu’on soit omnipraticien ou spécialiste.
En France, la grande majorité des chirurgiens-dentistes exercent dans le secteur privé. La plupart sont en libéral, à leur compte et en collaboration. Certains sont en salariat, par exemple dans des centres mutualistes. Les postes dans le secteur public sont des praticiens hospitaliers, qui combinent généralement l’activité de professeur d’université ou maître de conférence des universités (enseignants-chercheurs).
L’entrée à la faculté dentaire
La filière dentaire est, avec médecine et droit, l’une des plus difficiles d’accès en Finlande. Les candidats sont nombreux et l’examen d’entrée en difficile.
Il existe deux moyens de réussir :
- les notes prises en compte sont celles de l’ylioppilastutkinto combinées à celles du pääsykoe, qui est commun à médecine et dentaire (si vous ne vous souvenez plus de ce que signifie ces deux termes, allez zou, retournez donc faire un tour par ici !)
- si les notes à l’ylioppilastutkinto sont jugées insuffisantes et donc pénalisantes par l’étudiant, il est possible de prendre en compte uniquement le pääsykoe médecine/dentaire.
Je n’ai rencontré aucun étudiant ayant intégré dentaire juste après le lycée. La plupart ont tenté plusieurs fois l’examen (pas de limite ici, ils peuvent le passer autant de fois qu’ils le souhaitent), tout en étudiant parallèlement dans une autre filière universitaire (chimie, biologie, etc).
Le déroulement des études
A Turku, les étudiants sont environ 30-35 par promotion. Il existe 3 facultés dentaires en Finlande (oups, je n’en suis pas sûre à 100%…) : Turku évidemment, Helsinki et Oulu. Auparavant, les études duraient 5 ans, mais ils ont récemment rajouté 6 mois.
Lors des deux premières années, les étudiants en dentaire et en médecine ont, à quelques exceptions près, exactement les mêmes cours. Ce sont presque exclusivement des cours théoriques. Ils ont un peu de pratique, environ une fois par semaine, et apprennent notamment à faire des détartrages.
Lors du second semestre de deuxième année, la pratique s’intensifie. Sur la fin, les étudiants passent quasiment la semaine entière en salle de TP à faire de la restauratrice.
Ils commencent la clinique en 3ème année, environ 1 mois après la rentrée universitaire. Parallèlement, ils ont des TP d’endo au moins 3 fois par semaine, puis de prothèse, un peu d’ODF et de chirurgie. Comme vous pouvez le constater, contrairement à nous, où chaque type de TP est étalé sur plusieurs années une fois par semaine, eux fonctionnent en mode intensif : par exemple de l’endo seulement pendant 6 mois mais quasiment à temps plein. Évidemment, ils ont toujours des cours théoriques.
Comme en France, les étudiants ont 3 ans de pratique clinique.
Contrairement à nous qui passons tous nos examens à la fin du semestre, les Finlandais ne regroupent pas tout. Ils ont des examens tout au long de l’année (mais ce n’est pas du contrôle continu pour autant, un seul examen par matière).
Ils n’ont pas de thèse d’exercice à passer, mais un travail de recherche d’environ 30 pages à présenter au cours de leur cursus. Ils peuvent le commencer dès le début de leurs études.
La pratique clinique
Le centre de soins de Turku où travaillent les étudiants fonctionne en polyclinique, c’est-à-dire que, comme dans un cabinet dentaire, tous les soins sont réalisés au même endroit. Le même étudiant suit son patient de A à Z. Chaque jour, il réserve un poste selon les actes qu’il doit effectuer (avec un générateur radio pour de l’endo, près du matériel de prothèse, etc).
Chaque étudiant travaille seul, sans binôme ! Quand il a besoin de deux mains supplémentaires, il fait appel à une des assistantes qui circulent dans l’immense salle de soin.
Les enseignants vérifient chaque étape du traitement, comme à Rennes. Cependant, pas besoin de se déplacer pour aller les chercher, il suffit d’envoyer une requête via le système informatique, avec le numéro de poste et la raison de l’appel. L’inconvénient, c’est que ce n’est pas toujours le même enseignant qui vient, même au cours d’un seul rendez-vous. Ah, et l’autre point négatif, c’est que, les enseignants n’étant pas très nombreux pour le nombre de postes, on doit parfois attendre trèèèèès longtemps avant de voir quelqu’un (20 minutes est un minimum très acceptable ici… Oui, il faut savoir être patient !).
Contrairement à nous qui devons valider un certain nombre d’actes chaque année, les étudiants finlandais doivent valider ces actes sur les 3 ans de clinique, peu importe quand. Ils ont un nombre de vacations fixe par semaine, mais peuvent venir en plus si des fauteuils sont libres (pour cela, ils s’inscrivent sur une page internet spécifique).
Comme nous avec Caen, les étudiants ont la possibilité d’aller dans une autre ville (Tampere par exemple) une partie de la semaine pendant un an. C’est surtout dû au manque de fauteuils au centre de soins de Turku. Ces étudiants sont donc dans un autre centre de soins, avec souvent un enseignant pour deux ou trois (un luxe !!!) et une assistante au fauteuil en permanence.
NB : petite particularité : les étudiants font partie de l’université de Turku, mais le personnel (enseignants et assistantes) ainsi que les patients appartiennent à la ville de Turku. Dans la partie chirurgie, certaines salles sont pour la ville alors que d’autres sont pour l’hôpital universitaire. Oui, il y a de quoi se perdre ^^
Les possibilités d’exercice
La plupart des postes de dentiste se trouvent dans le secteur public. En règle générale, chaque ville moyenne à son propre centre de soins. Il existe cependant quelques cabinets privés qui regroupent souvent différents spécialistes. Je n’ai pas vu de petit cabinet avec un ou deux praticiens, comme on en trouve beaucoup chez nous (mais je me trompe peut-être…). Par contre, une similitude avec la France : les déserts médicaux ! Celui qui voudra aller travailler dans une petite ville n’aura aucun problème à trouver un poste. Une étudiante m’a dit que sur sa promo d’une bonne quarantaine d’étudiants, seulement 5 ou 6 trouveront du travail à Turku.
Clémence En Finlande 
C’est bien d’entendre que le certificat français est acepté en Finlande aussi. J’ai presque fini avec mes études ici en France, mais ma femme veut retourner à son pays en Finlande. Je n’ai aucun problème d’y aller maintenant que je sais que je peux trouver du travail là-bas.
Yvon Lebras | http://cliniquedentairebv.ca
J’aimeJ’aime
J’ai hâte pour vous Yvon, ça va être trop bien votre séjour en Finland. Je pense que le problème principal pour vous va être d’apprendre le finlandais. Aussi on m’a dit qu’on a une très bonne formation à Finlande, donc si vous étudiez toujours, voyez si c’est possible de finir vos études là-bas.
J’aimeJ’aime
Il faut prêter attention à ce qu’on fait en la Scandivavie parce que leurs formations sont acceptées comme les meilleurs du monde. Je crois que c’est sage de prendre les examens tout au long de l’année. Sinon, on risque plus de faire la bolème pour l’examen final et cela ne nous aide pas.
J’aimeJ’aime